ELS PRESIDENTS DE LES OFICINES PÚBLIQUES DE LES LLENGÜES ” REGIONALS” ESCRIUEN A MACRON: “ESTEM INDIGNATS “

Les offices publics des langues bretonne, basque, catalane et occitane disent leur « colère »

Les présidentes et président d’office public de la langue basque, occitane, catalane et bretonne écrivent au Président Macron : « Monsieur le Président de la République, nous vous lançons un appel solennel : épargnez à tous un gâchis sans précédent, proposez d’urgence un projet de loi constitutionnelle visant à modifier l’article 2 de la Constitution. »
5 000 manifestants à Quimper le 13 mars 2021 des associations Diwan, Div Yezh (parents de l’enseignement bilingue public), Kelenn Omp ! (enseignants de breton), Divaskell Breizh (parents de l’enseignement bilingue catholique) et Kevre Breizh.
5 000 manifestants à Quimper le 13 mars 2021 des associations Diwan, Div Yezh (parents de l’enseignement bilingue public), Kelenn Omp ! (enseignants de breton), Divaskell Breizh (parents de l’enseignement bilingue catholique) et Kevre Breizh. |

Dans une lettre ouverte au Président de la République, les quatre présidentes et président des offices publics des langues basques, catalane, occitane et bretonne lancent « un appel solennel au Président de la République : épargnez à tous ce gâchis sans précédent, proposez d’urgence un projet de loi constitutionnelle visant à modifier l’article 2 de la Constitution. »

Les quatre élus sont Charline Claveau, présidente de l’Office public de la langue occitane, Conseillère régionale déléguée de Nouvelle Aquitaine, Antton Curutcharry, président de l’Office public de la langue basque, vice-président de la Communauté d’agglomération Pays-Basque, Carole Delga, présidente de l’Office public de la langue catalane, présidente de la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée et Lena Louarn, présidente de l’Office public de la langue bretonne, vice-présidente de la Région Bretagne.
« Nous sommes en colère »

« Nous sommes en colère » martèlent les quatre élus. « L’article 2 de la Constitution a été rédigé pour protéger le français de l’anglais. Pourtant, à l’issue de la décision rendue par le Conseil constitutionnel, on pourra continuer à écrire les prénoms William ou Steve à l’État civil mais pas Beñat ou Fañch, Ròsa ou Martí. Depuis plus de 50 ans, les filières immersives associatives portent la scolarisation de nos enfants en enseignement immersif et produisent des locuteurs parfaitement bilingues, qui maîtrisent aussi bien le français que la langue régionale, et obtiennent leur baccalauréat avec un taux de réussite atteignant ou frisant systématiquement 100 %, et ce, malgré l’obligation de présenter les épreuves… en langue française au terme d’une scolarité en immersion langue régionale. Depuis plus de 20 ans, et partant du constat que le système bilingue à parité horaire ne parvient pas à transmettre la langue régionale aussi efficacement que nécessaire – du fait d’un environnement familial et sociétal presque exclusivement francophone –, des expérimentations immersives ont été développées en maternelle et élémentaire dans l’enseignement public et dans l’enseignement privé confessionnel : les élèves obtiennent de meilleurs résultats que leurs pairs, en langue régionale bien sûr, mais aussi en français et en mathématiques.

Alors même que l’enseignement immersif a prouvé son efficacité dans la transmission des deux langues régionale et française, et démontré sa capacité à produire des bilingues équilibrés particulièrement aptes au plurilinguisme, la décision du Conseil constitutionnel viendrait porter un coup d’arrêt à ces réussites ? »
« Nous ne l’acceptons pas, nous ne l’accepterons pas »

« Nous ne l’acceptons pas, nous ne l’accepterons pas. Nous n’accepterons pas de gérer la marche arrière et la déconstruction. Ce sont le développement et la survie même des langues régionales qui se jouent ici.

Voilà des années, des décennies même, que nous construisons patiemment, brique à brique et dans le consensus, les conditions d’un développement apaisé mais déterminé de nos langues régionales. Voilà des décennies que ces politiques recueillent un large consensus des institutions, des élus, des familles et de la société. Des décennies que nous construisons les conditions d’une transmission réussie de nos langues dans un contexte très largement francophone. L’enseignement par immersion constitue un levier déterminant pour cette réussite et un pilier indispensable de nos politiques publiques en faveur de nos langues.
« Nous n’accepterons pas de reculer »

Nous ne pouvons accepter de priver nos langues d’une condition aussi importante de leur développement, car ce serait les condamner à reculer. En matière de langues régionales, ne plus avancer équivaut à reculer. Et reculer, c’est condamner nos langues. Nous n’accepterons pas de reculer. Nous n’accepterons pas que nos offices deviennent les lieux de l’organisation et de la gestion d’une marche arrière absurde et contre-productive à tous égards.

Monsieur le Président de la République, nous vous lançons un appel solennel : épargnez à tous un gâchis sans précédent, proposez d’urgence un projet de loi constitutionnelle visant à modifier l’article 2 de la Constitution. Monsieur le Président de la République, vous avez déclaré mercredi que vous aviez « demandé au gouvernement et au Parlement de trouver les moyens de garantir la transmission de cette diversité linguistique dans le respect des cadres pédagogiques largement reconnus depuis un demi-siècle ». Nous ne pouvons nous satisfaire d’une seule déclaration d’intention, tout comme nous ne pouvons nous satisfaire de l’absence de toute mention à l’enseignement immersif engagé depuis plus de 20 ans dans les maternelles et élémentaires de l’enseignement public et de l’enseignement privé confessionnel.
« L’article 2 de la Constitution rend impossible cet enseignement »

« L’expérience a montré la réussite de l’enseignement par immersion. L’environnement dans lequel évoluent nos langues rend indispensable cet enseignement. L’article 2 de la Constitution rend impossible cet enseignement ? Alors c’est l’article 2 de la Constitution qu’il faut modifier, et non pas un enseignement qui a fait ses preuves et produit des bilingues complets qui réussissent aussi bien ou mieux que les unilingues y compris en français.

L’article 2 de la Constitution était destiné à protéger le français de l’anglais. Il est utilisé contre nos langues régionales, sans pour autant protéger le français de l’anglais. Nous ne pouvons pas accepter cette anomalie, nous ne pouvons pas accepter cet article qui a prouvé son inaptitude à atteindre son objectif, et sa particulière efficacité à nuire gravement à nos langues régionales.

Monsieur le Président de la République, nous vous lançons un appel solennel : proposez d’urgence un projet de loi constitutionnelle visant à modifier modification de l’article 2 de la Constitution ! Nous sollicitons de votre haute bienveillance une audience pour nous entretenir avec vous de cette question de la plus grande importance pour l’avenir de nos langues. »
Les offices publics des langues bretonne, basque, catalane et occitane disent leur « colère »

Informa:PAULMOLAR.FR (31-5-2021)

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